Interview avec Larissa – le blog Bruxelles * Vega

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Source : www.mamma-vega.blogspot.be

 

Le régime végétalien pose beaucoup de questions, et une qui revient souvent concerne la maternité et les enfants. Comment conjuguer maternité et veganisme ? Est-ce bon pour la santé du futur bébé ? Comment alimenter le nourrisson ? Comment expliquer ce choix et élever les enfants avec ces principes ? Et bien d’autres encore ! Nous sommes heureux d’avoir pu poser nos questions à Larissa, vegan, bloggeuse et maman, qui partage cette expérience et celle de sa vie vegan à Bruxelles. Drôle, pleine de bons conseils et de bons plans, nous vous laissons découvrir son témoignage. Merci encore Larissa Bruxelles * Vega !

1) Larissa, depuis quand es-tu vegan, et qu’est ce qui t’a convaincu d’adopter ce mode de vie et de consommation ?

Je suis végane depuis 6 ans, après avoir été végétarienne pendant quelques années. Comme beaucoup, c’est de lectures en documentaires que j’ai pris de plus en plus conscience des implications de mon alimentation, puis de ma consommation en général. Mon choix est éthique, et s’inscrit dans un rapport au monde, un respect. Une fois le chemin commencé, j’ai toujours su que pour être cohérente avec moi-même je devais devenir végane à terme. C’est lorsque qu’est venue l’heure de diversifier l’alimentation de mon premier bébé que j’ai eu le déclic: je ne pouvais pas me résoudre à lui donner des œufs ou du fromage. Cela a été comme un électrochoc, et j’ai passé le cap moi-même immédiatement. En ce qui concerne les produits non alimentaires, le changement a également été fait dans les jours et semaines qui ont suivis.

Mais à quelques jours près, c’est notre fille qui a été la première végane de la famille! Après moi, mon mari a suivi quelques mois plus tard.


2) Être enceinte et vegan, est un sujet « brûlant » souvent très discuté… lorsque tu as appris ta grossesse as-tu continué à manger vegan ou as-tu du faire des exception dans ton régime ?

J’ai maintenu mon mode de vie végane, la question ne se posait même pas pour moi. J’avais fait mes devoirs côté lectures, m’étais bien renseignée, et j’étais bien entourée. J’ai la chance d’avoir une médecine très ouverte qui a pointé sur les nutriments nécessaires en me laissant libre de choisir leur source. D’ailleurs, la différence a été sans appel: entre ma première grossesse végétarienne et ma deuxième grossesse végane, la seconde s’est passée de manière très simple, très facile, sans le moindre souci, alors que la première avait été plus lourde.

 

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3) Y’a-t-il ou y’a-t-il eu des points de vue divergents sur le régime végétalien dans ta famille, tes amis, médecins ?

Oui, bien sûr, mais tous respectent en tout cas nos choix et notre mode de vie. Le plus étrange (et agaçant!) est que beaucoup disent admirer le fait que je reste en accord avec mes convictions, approuvent la démarche mais… n’en commencent pas le cheminement. D’autres sont dans leurs propres réflexions et avancées. Ma famille est très tolérante, et les menus de Noël sont d’ailleurs maintenant quasi totalement végétaliens par respect pour nous. Quant aux médecins, suivant lesquels je suis plus ou moins franche sur le sujet, et généralement cela se passe bien. Le pédiatre de mes enfants est informé. Il m’a avoué récemment qu’au départ il était contre mais qu’il sait très bien que les parents font ce qu’ils veulent derrière son dos, alors il s’est tu. Et aujourd’hui il trouve que ce sont parmi ses patients les moins souvent malade, et que cela montre qu’on fait ce qu’il faut.

 

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4) Maintenant que ta fille est un peu plus âgée, vois-tu des limites à son mode de vie vegan ? Lors d’anniversaires avec des amis par exemple, lors de voyages scolaires, à l’école ? Est-ce facile à gérer ?

Nous l’avons toujours présenté comme une évidence, en posant les faits simplement sur la table, et en montrant que nous étions là pour proposer des solutions. J’ai remarqué qu’en restant simple de cette façon, les choses se passaient très bien. Mes enfants vont à des anniversaires, l’aînée fait des soirées pyjama, dort chez ses copines, nous allons à la kermesse, nous participons au carnaval, etc. Tout est une question d’adaptation et d’organisation. On apprend au fur et à mesure.
Les parents de la classe me contactent généralement lorsqu’un gâteau d’anniversaire va arriver en classe pour que j’amène une version végétalienne. Les profs 
y sont sensibles aussi et me signalent chaque activité qui implique de la nourriture. Ma fille est même déjà partie une semaine en campavec deux maîtresses de l’école, avec lesquelles je me suis coordonnée sur les menus, etc. J’ai envoyé des produits qui leur donnaient le moins de travail possible (par exemple des saucisses de soja à manger froides à lui mettre à la place de la viande des autres dans l’assiette), et tout s’est très bien passé. Pour les anniversaires, je prépare systématiquement des cupcakes ou un gâteau, et me renseigne sur les bonbons et autres chips qui pourraient être là. Les amies de ma fille, du haut de leurs 6 ans, l’ont toujours connue végane et ne se posent pas la question, elles considèrent que cela fait partie d’elle. Et elles sont les premières à demander si un bonbon ou chocolat est végane pour savoir si elles peuvent le partager avec ma fille. Leur simplicité face à ça m’épate et me touche.

Aujourd’hui, des profs et des parents me demandent régulièrement des recettes, plusieurs ont déjà préparé des gâteaux voire des anniversaires entièrement végétaliens en pensant à ma fille, etc. Alors oui, cela demande de jongler un peu au niveau organisation, mais de cette façon je vois mes enfants épanouis et sûrs dans leur véganisme.


5) Actuellement en France certaines voies s’élèvent pour demander des menus végétariens à l’école, quelle est la position de la Belgique à ce sujet ? Est-ce un sujet en Belgique ?

En Belgique on n’en parle pas, mais la situation est différente: la cantine et le contenu des menus ne sont pas centralisés. Aucun enfant n’est obligé de manger à la cantine, et un tiers environ vient avec sa traditionnelle « boîte à tartines« . C’est prévu par les écoles, et une des premières questions en début d’année: « repas chaud ou repas tartines? ». Ainsi, il n’y a pas de problème pour ceux qui ne souhaitent pas manger le repas standard proposé pour des raisons religieuses, éthiques, allergiques ou autres, nous amenons nos propres repas.

 

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6) Tu vis à Bruxelles, est-ce facile de trouver des produits vegans ? Où et comment te fournis-tu ?

C’est de plus en plus facile, notamment grâce à l’ouverture au printemps dernier de deux magasins entièrement véganes, l’un au Sud de la ville, Vegasme, et l’autre au Nord, VegAnne’s Shop. En dehors de ces deux incontournables, je me fournis dans les magasins et supermarchés bio principalement.

 

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7) Nous savons par ton blog que tu participes à de nombreux évènements vegans et que tu es toujours au courant des nouvelles ouvertures de restaurant. As-tu une estimation du nombre de végétariens ou végétaliens qui vivent à Bruxelles ? Et en Belgique ?

Alors là je vais décevoir, je n’en ai aucune idée! Mais j’ai toujours été nulle en chiffres…


8) Vois-tu un développement du mode de vie végétalien en Belgique, une prise de conscience ou est-ce encore une niche ?

J’ai l’impression que cela se développe de plus en plus. Pas autant que le végétarisme, parce que nous faisons encore un peu peur, mais je vois de plus en plus de jeunes et moins jeunes qui prennent conscience de leur rapport aux animaux, à l’alimentation, et au monde en général. On constate aussi plusieurs transitions et changements de régimes dans nos connaissances. Je ne pense pas que l’ouverture de deux magasins véganes à Bruxelles aurait été possible il y a cinq ans. Aujourd’hui, la clientèle est assez nombreuse pour que cela fonctionne. J’espère que cela ne va faire que continuer dans cette voie.

 

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9) En tant que maman vegan, quelles lectures recommanderais-tu à d’autres mères vegan pour les aider (grossesse, éducation…) ?

En attendant que les livres soient traduits, la majorité est en anglais. Mais voici une petite liste pour commencer.

Pour la grossesse:

– Pregnancy survival guide, de Sayward Rebhal: je n’ai appris son existence qu’après mes grossesses, mais s’il est sur le même ton et aussi documenté que le blog de l’auteure alors il est certainement à recommander
– 
Skinny Bitch Bun in the Oven de Rory Freedman et Kim Barnouin: un ton un peu particulier, mais une approche intéressante.
– 
The Kind Mama, de Alicia Silverstone: je ne l’ai pas lu, mais on y aborde la grossesse végane entre autres sujets.

Pour élever des enfants véganes et/ou différemment:

– Raising vegetarian children, a guide to good health and family harmony, de Joanne Stepaniak et Vesanto Melina – un livre de référence qui parle du véganisme (oui, malgré le titre trompeur) en famille et tous ses aspects pour les enfants.

– Raising vegan children in a non-vegan world, a complete guide for parents, de Erin Pavlina: une autre référence, disponible en pdf

– Petit végétarien gourmand, de Marie Laforêt et Ludovic Ringot: on y parle plus spécifiquement de nourriture, c’est également un indispensable

Pour les enfants véganes:

– Ne nous mangez pas, de Ruby Roth: un magnifique livre à mettre entre toutes les petites mains, je dirais à partir de 4 ans
– 
Vegan is love, avoir du coeur et agir, de Ruby Roth: dans la même veine, ce deuxième ouvrage aborde la question de manière plus vaste
– 
We’re vegan!, de Anna Bean: un premier livre tout simple pour aborder ce qu’est une famille végane et ce qu’elle mange. Idéal pour mon fils de 3 ans
– 
How to eat a rainbow, Magical raw vegan recipes for kids, de Ellie et Sabrina Bedford: un livre de recettes conçu pour les enfants.

 

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10) Dernière question : imagine (et cela doit arriver régulièrement) qu’un enfant soit assis en face de toi et te demande pourquoi tu ne manges pas de produits animaux. Comment lui expliques-tu, comment lui réponds-tu ?

Cela dépend de la situation, et de la latitude laissée par leurs parents. C’est un sujet sensible. Je lui dis que je n’ai pas envie de faire du mal aux animaux, et que donc je ne les mange pas. S’il ou elle veut en savoir plus, je parle des sentiments des animaux, qui ont aussi une famille, et des petits qui voudraient rester avec leur papa et leur maman. Cela leur parle. Mais souvent, je ne vais pas plus loin, et s’ils creusent le sujet je leur demande ce qu’eux en pensent.

Quand à mes enfants, surtout mon aînée, qui me demandent pourquoi les autres ne sont pas véganes, je leur explique que beaucoup de gens ne sont tout simplement pas informés. Et qu’enfin, il y a le fait de comprendre avec sa tête, qui ne suffit pas toujours, après il faut comprendre avec son cœur.

 

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