Interview avec Marie Laforêt

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[Mars  2016] Aujourd’hui, nous sommes très heureux de vous faire découvrir le monde de Marie Laforêt – Auteure culinaire vegan et photographe. Elle sera présente au salon VeggieWorld le samedi, 2 avril à partir de 13h30 pour un rencontre et des dédicaces au stand N15 de la Boutique Vegan !

1) On peut dire que vous êtes une des pionnières du marché végétalien en France, notamment dans la cuisine végétalienne avec plus de 10 livres de cuisine (corrigez-moi si cette information n’est pas correcte) publiés sur les dernières 5 années ! Au salon VeggieWorld vous serez présente au stand N15 de la Boutique Vegan pour présenter votre nouvel ouvrage : Barbecue Vegan ! Pouvez-vous déjà nous en dire un peu plus sur ce livre ? Pourquoi avez-vous avez mis l’accent sur ce type de cuisine ? 

Quand on m’a proposé d’écrire des livres j’ai sauté sur l’occasion de promouvoir une cuisine 100 % vegan et je pense que le succès croissant des livres de cuisine vegan ces dernières années montre qu’il y une réelle envie de manger et vivre autrement. Après le succès de Vegan, les Editions La Plage m’ont proposé de travailler sur des thèmes plus spécifiques pour aller plus loin. Nous avons donc publié des livres comme Fromages Vegan, 25 Desserts Vegan, Noël Vegan… Le barbecue c’est un peu le pendant estival de Noël, une des occasions sociales où en tant que vegan c’est encore parfois un peu difficile de s’affirmer et de partager un repas car beaucoup de gens ne conçoivent pas encore ce type de repas sans viande et bien souvent ne savent pas quoi faire griller à la place. Les courgettes c’est très chouette, mais on peut aussi manger des grillades plus nourrissantes, avec des marinades parfumées, faire ses saucisses végétales maison et proposer des recettes gourmandes accompagnées de sauces savoureuses qui satisferont tous les convives, quel que soit leur régime alimentaire.

 

2) Vous suivez le mouvement vegan en France depuis de nombreuses années. Quel(s) développement(s) voyez-vous aujourd’hui, par rapport à 2010 par exemple ? Est-ce que les lecteurs sont plus ouverts aux livres de cuisine végétalienne ? Connaissez-vous les profils de client (végétariens, flexitarien, végans…) ?

Le changement ces dernières années a été énorme. De nouveaux restaurants vegan continuent d’ouvrir régulièrement (et pas seulement dans la capitale) des boutiques 100% vegan ont ouvert, on trouve même une boutique spécialisée dans les bonbons vegan à Paris (Furahaa Candy) et des boutiques de cosmétiques spécialisées comme Vegan Mania et Lamazuna. L’offre et la demande continuent de progresser à une belle vitesse. Les livres de cuisine vegan sont sortis du carcan « livres pour les vegans » et rencontrent un beau succès auprès du grand public. Mes lecteurs ne sont pas tous vegan, certains sont végétariens, d’autres simplement curieux, gourmands et intéressés pour changer leurs habitudes alimentaires pour diverses raisons. Ce que je trouve très positif c’est de voir que beaucoup de personnes, grâce aux livres, boutiques, restaurants qui fleurissent osent franchir le cap pour un mode de vie vegan car c’est désormais plus accessible, moins « marginal »

 

3) Pouvez-vous nous dire quelle est la question que vous entendez le plus souvent de personnes à qui le mot « véganisme » ferait encore peur ? Quelle est votre réaction ? Comment leur répondez-vous ?

L’attitude des gens face au véganisme a beaucoup évoluée ces dernières années. Quand je suis devenue vegan en 2009 et que j’en parlais en société  j’entendais souvent des mots comme « extrémiste », « carence », « privation ». C’est ainsi que l’on décrivait les vegans dans les médias : des gens tristes, aux idées extrêmes, qui se « privent ». Aujourd’hui, presque tout le monde connait le mot vegan. Les médias parlent du véganisme de manière plus positive, ils se sont adaptés au fait qu’une partie grandissante du public, qui s’étend au delà de la sphère des militants pour le droit des animaux,  souhaite réellement changer ses habitudes de consommation face à l’exploitation animale. Aujourd’hui des médias très grand public qualifient les vegans comme étant « tendance » , « novateurs » et mettent en avant les impacts positifs du véganisme sur la santé, la planète et le partage des ressources. La question de l’exploitation animale et l’antispécisme font de plus en plus surface dans les médias et les consciences s’éveillent sur cette question, grâce au travail des associations comme L214 qui révèlent la triste réalité des abattoirs et des élevages. Aujourd’hui quand je parle de véganisme les gens me répondent « ah oui c’est vrai qu’on devrait manger moins de viande et de produits laitiers mais je ne sais pas trop comment faire ». La tendance s’est complètement inversée, les réactions sont beaucoup plus positives. On me demande beaucoup moins « pourquoi? » et beaucoup plus « comment faire ? ». Proposer des livres de cuisine est ma manière de répondre à cette question.

 

4) Selon nous l’un de vos plus important travail est sûrement le livre « VEGAN » qui est sorti il y a deux ans et a connu un grand succès en France. Il est rempli d’excellentes recettes, bien expliquées, avec de belles photos très appétissantes. Dites-nous, qu’est-ce qui vous inspire ? D’où vous viennent vos idées ?

« Vegan » a été un vrai challenge pour moi, un projet passionnant à réaliser. Je me suis demandée qu’est-ce qu’une personne qui souhaite devenir vegan aurait besoin de découvrir pour se lancer dans la cuisine vegan au quotidien. Le cheminement de commencer par remplacer la viande, puis les oeufs et les produits laitiers, apprendre à mieux cuisiner les légumes et enfin cuisiner pour toutes les occasions m’a semblé logique, j’ai donc construit tout le livre autour de cette progression. Je m’inspire de livres, magazines et blogs culinaires, de restaurants où je mange, de voyages aussi et même des plats que je déguste quand je suis invitée. J’essaye aussi de « véganiser » des recettes que cela soit des classiques français ou d’autres pays du monde et de créer autour des légumes qui m’inspirent beaucoup également. Je n’ai pas une manière de travailler en particulier, les idées me viennent un peu partout et tout le temps, j’ai toujours un petit carnet avec moi pour les noter et ne pas les oublier. Par exemple, il y a quelques années, alors que j’attendais le bus un jour où il faisait très chaud et que j’avais envie d’un bon goûter, l’idée de combiner glace et cupcakes m’est venue comme ça, j’ai gribouillé quelques idées et quand je suis rentrée chez moi j’ai réalisé des cupcakes glacés aux myrtilles que j’ai proposé sur mon blog.

 

 

5) Vous avez plus de 20000 fans sur Facebook et followers sur Instagram. Les gens aiment ce que vous faites et vous connaissent. Mais pour ceux qui n’auraient pas encore suivi la tendance, pouvez-vous nous dire depuis quand vous êtes végan et ce qui vous a amené à faire ce choix ?

Je suis devenue vegan en 2009, après avoir été végétarienne pendant un peu plus d’un an. Je me suis très tôt intéressée à l’alimentation et son impact sur la santé et la planète. Mais il m’a fallu quelques années pour découvrir que toute une partie du tableau était encore dans l’ombre. Une fois que j’ai ouvert les yeux sur la réalité de l’exploitation des animaux je ne pouvais plus les fermer. Devenir vegan m’est apparu comme la chose la plus cohérente à faire après être devenue végétarienne. Et ça été quelque chose de très positif, beaucoup plus simple et libérateur que ce que je m’imaginais. Avant j’évitais de trop regarder mon assiette en face car je ne voulais pas savoir, pas prendre conscience de la souffrance et l’injustice qu’il y avait derrière même un morceau de fromage. En devenant vegan j’ai été comme soulagée. Je ne me voilais plus la face. Ne pas changer ses habitudes est souvent imaginé comme un confort, car changer demande des efforts. Mais souvent on ne se rend pas compte qu’on ne vit que dans un demi-confort, parce qu’au fond on sait très bien qu’exploiter les animaux n’est pas justifiable, que l’on n’a pas besoin de ça pour se nourrir. Se donner la chance de changer c’est aussi à un niveau personnel se permettre de vivre en accord avec ses convictions et ses valeurs les plus profondes, c’est se libérer d’un poids et c’est quelque chose de vraiment très positif. C’est cet aspect positif qui m’a aidé à franchir le pas et m’a été utile au début pour supporter la pression sociale qui peut être difficile. Ce changement positif m’a très vite donné envie de partager avec d’autres, c’est pour cela que j’ai ouvert mon blog fin 2009.

 

 

6) De nombreux visiteurs de VeggieWorld mangent de la viande. Ils visitent le salon pour découvrir des alternatives et des nouveautés, en apprendre plus sur les produits, échanger avec les producteurs et surtout, goûter la nourriture végétalienne. Malheureusement en général il est bien plus compliqué de manger de la nourriture végan qu’un burger avec de la viande que l’on trouve partout. Comment pensez-vous que cela puisse être amélioré en France ?

Le manque d’offre peut avoir un impact négatif lorsque l’on envisage devenir vegan ou réduire sa consommation de produits animaux. Les choses évoluent très vite dans les grandes villes, mais ailleurs c’est encore difficile et il n’est pas rare que les frites et la salade de tomates soient encore les seules options vegan dans un restaurant ou une brasserie. Changer les choses sur une envergure plus vaste demande un changement plus profond de la société et des habitudes. Ce type de changement prend du temps, mais il est déjà en marche. Des initiatives comme le concours Saveurs Durables qui fait réfléchir les futurs professionnels de la restauration sur la cuisine vegan et durable ou encore Vegoresto qui organise des repas 100% vegan dans des restaurants partout en France et incite les restaurateurs à proposer des options vegan, ont beaucoup de succès. Depuis un an les entreprises et restaurants « classiques » commencent à repenser leur offre. On commence à voir des options vegan bien identifiées pointer leur nez sur les cartes des restaurants, brasseries ou bars. C’est un début mais je pense que cela va continuer de progresser assez rapidement car les gens sont prêts à changer.

 

 

7) Comme vous le savez, VeggieWorld est né en Allemagne. Nous avons vu que certains de vos ouvrages sont traduits en anglais et en allemand, quelle réception ont-ils eu dans ces pays par rapport à la France ? Avez-vous été présenté vos ouvrages à l’étranger ? Quelle a été la réception ?

Je n’ai pas eu de retour de la part de lecteurs allemands, peut-être à cause de la barrière linguistique.. Mais je serai ravie de venir les rencontrer lors d’un salon VeggieWorld en Allemagne !  J’ai de très bons retours de lecteurs anglais sur les recettes de Vegan Bible et je suis allée présenter la version espagnole de Vegan à Barcelone l’été dernier et faire une démo de quelques recettes pour la presse et des associations, ça a été un franc succès ! Mes livres sont également distribués au Québec où je me suis rendue en 2014 à l’occasion du Festival Végane de Montréal pour faire une démo culinaire et rencontrer mes lecteur lors d’une séance de dédicace, ça a été une expérience vraiment incroyable de découvrir la ville, plein d’entreprises vegan géniales et rencontrer des personnes passionnantes engagées pour le véganisme.

 

8) Comme vous le savez il y aura des ateliers de cuisine à VeggieWorld, afin de montrer à tous que cuisiner végan veut également dire être créatif et se faire plaisir. Si vous deviez présenter une recette lors du salon laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?

Très bonne question ! Pour le barbecue ça serait un peu compliqué… Pourquoi pas une recette de cookies vegan? A la fois simples et rapides à réaliser, ultra-gourmands, pratiques à faire déguster au public. Les cookies sont une de mes douceurs préférées et sont aussi un peu mon arme secrète pour prouver que la pâtisserie vegan n’a vraiment rien à envier à celle pleine de produits animaux !

 

 

9) Nous sommes à la fin de notre interview, et nous aimons finir avec toujours la même question : avez-vous un animal de compagnie et si oui, lequel ?

Je ne vis pas en compagnie d’un animal pour l’instant mais j’envisage d’adopter un chat d’ici quelques temps, je suis complètement une « cat person ».

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