Interview avec Mathilde, réalisatrice du film « Des milliards de toi mon poussin »

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Être vegan c’est un mode de vie, mais c’est aussi et surtout un engagement. Et chacun vit cet engagement à sa façon. Pour Mathilde, réalisatrice du film « Des milliards de toi mon poussin« , l’engagement se fait art, et film. Dans le cadre de sa participation aux salons VeggieWorld, à Paris bien sûr, mais également en Allemagne, nous avons pu lui poser quelques questions sur la place qu’occupe aujourd’hui le veganisme dans nos quotidien, mais aussi et surtout dans l’art, et dans le cinéma en particulier. Premiers éléments de réponses ici, pour un sujet qui sera également abordé durant le salon lors d’une conférence, avec également l’équipe du film Faeryland. Portrait d’une artiste passionnée, et engagée, son film sera bien sûr diffusé durant le salon VeggieWorld, si vous n’avez pas le temps de le voir avant !

 

 

Mathilde, tu es la réalisatrice du film « Des milliards de toi mon poussin« , une comédie poétique qui est sortie le 25 mars 2015. Pour ceux qui ne connaîtraient pas le film, peux tu nous dire de quoi parle le film ?

Maldi poétesse « éco warrior » de 16 ans emménage dans un village avec sa mère, psychologue en instance de divorce, tombée sous le charme d’un prince charmant en poney. Maldi rencontre Riwal, geek loyal et altruiste, vivant dans une bulle avec des zombies, se protégeant de sa mère, ancienne punk sous luminothérapie et de son père Marc, maire pervers narcissique en campagne. De leur rencontre vont naître des actions militantes et cocasses afin d’établir la déclaration des droits du vivant.

Cette une comédie poétique et décalé à effets secondaire…La dernière critique en date évoque un univers entre Burton et Fellini !

 

Le film a un fort impact sur la protection animale. Est-ce que cela était l’une des principales raisons de faire le film ou d’autres motivations également, comme le fait que tu es toi même vegan ?

En tant que cinéaste il est naturelle que mon mode de vie impact sur mes créations. Toute la difficulté dans ce film fût justement d’allier mes idéaux et mon univers artistique. Je souhaitais en effet que le film soit un bénéfice à  la condition animale mais de façon subtile. Mon choix c’est donc porté sur une comédie. Mais le film ne parle pas seulement de la condition animale, il parle de la « comédie humaine ». De nombreux messages y sont présents et comme pour la plupart des premières œuvres elle porte une certaine « pureté », une innocence et un fort besoin de communiquer.

 

 

Nous avons remarqué que le veganisme est de plus en plus présent dans les médias, non seulement à la TV mais aussi dans la musique ou le cinéma. Penses-tu que le veganisme change d’image grâce à cela, qu’il est moins perçu comme « agressif », mais plus « cool » et « tendance » ?

Le mode de vie vegan est de plus en plus apprécié dans tous les milieux, en effet artistique  avec de plus en plus de personnalités qui adoptent naturellement ce mode de vie. Mais aussi des sportifs de haut niveau, de grands chefs cuisiniers, des chefs d’entreprises, des hommes politique et de façon générale dans toutes cultures et religions confondues. La possibilité d’avoir accès à la connaissance et à l’information permet de se faire son propre avis sans que celui ci soit dirigé par la publicité entre autre. Si l’image du véganisme à pu paraitre comme « agressif » ou « sectaire » cela était du à la désinformation et à la peur du changement. C’est humain. Alors que le véganisme est la base du respect du vivant avec justement la réduction de toute manifestation barbare. C’est un mouvement sain et anti cruauté qui prend en compte les vies humaines et non humaines. Toutes les vies comptent. En France même si c’est surement le pays occidentale le plus lent à découvrir et développer ce mode de vie cela est en train d’évoluer avec la création de restaurants, des boutiques de cosmétique avec des produits non testé sur les animaux et même dans la grande distribution nous trouvons de plus en plus de produits sain et vegan souvent aux rayons Bio même s’il ne faut pas faire l’amalgame.

De nombreux clichés véhiculent encore sur l’image du vegan « agressif, militant hippie et décroissant », mais cela me fait sourire car je suis tout le contraire, je suis sportive, je suis joyeuse, j’aime la vie, j’aime partager, échanger, je ne suis pas aigrie et jalouse, je vis mes rêves et non le contraire, je sors, je danse avec des amis qu’il soit vegan ou non. Je me sens libre, en bonne santé et en accord avec mes choix.

 

Un autre film sur le veganisme « Los Veganeros » a eu un grand succès récemment en Allemagne. Mais la majorité des spectateurs était vegan ou végétariens. Pourquoi penses-tu que le public est toujours aussi réduit ? As-tu fait le même constat avec « Des millions de toi mon poussin » en France ?

Mon film est destiné à tous dont les enfants, il a obtenu un visa d’exploitation « tout public » par le ministère de la culture en France. Les personnes qu’elles soient végétariennes ou non, qu’elle soit homme ou femme, peuvent rigoler en regardant ce film, il ne le feront simplement pas au même moment et parfois tous ensemble… C’est avant tout une comédie subtile destinée à un public large, le message sur la condition animale est présent au même titre que d’autres messages liés à la condition humaine. Il y a dans le film de nombreux personnages où chacun peut reconnaître un de ses proches ou se reconnaître soi même avec l’opportunité de s’en moquer avec du second degré. C’est une œuvre cinématographique originale. Le cinéma est pour moi une expression artistique avec comme mission la réflexion et pour ma part sans donner de leçon… C’est en cela que j’estime que mon film est à « effets secondaires » car bien après la séance il peut susciter une curiosité ou un questionnement que j’espère positif.

 

Tu es également très active dans la communication autour du veganisme. Tu nous a par exemple parlé de ton projet de journée végétarienne dans un collège de 500 élèves du bassin d’Arcachon. Comment est arrivée cette idée, comment l’as-tu amenée et quelle a été la réaction des élèves ? 

Il s’agissait d’une journée végétalienne que j’ai pu organiser dans le cadre de mes études universitaires que je poursuis en double cursus en parallèle de mon métier de cinéaste. J’étudie la psychologie et la nutrition. J’ai crée ce menu dans le but de satisfaire les besoins nutrionnelles imposés par le programme nutrition avec uniquement des aliments excluant les protéines animales. Un départ assez compliqué pour le mettre en place à cause des idées reçues sur les repas « végétaliens » et la peur inconsidérée de cette alimentation encore fort méconnu. Mais c’est pour moi le menu de l’avenir : sain, écologique, permettant de nourrir toute notre planète en la préservant,  tout cela en profitant de saveurs délicieuses. Même si la tâche ne fût pas aisée à valider auprès des responsables, ils ont tout de même pris le pari. Et le résultat était là, le menu à eu un succès si grand que l’établissement à  évoqué la possibilité de le renouveler. Constat qui ne trompe pas : à la « plonge » un des menus qui aura laissé le moins de déchets, les enfants ont bien mangé ! Ce qui est loin d’être le cas tous les jours avec des déchets d’environ 35 %… Il était aussi intéressant de profiter de l’expérience de la chef de cuisine qui était favorable à la découverte de ces nouveaux produits. Elle m’a appris qu’elle devait présenter entre 5 et 6 fois un nouveau plat pour que les élèves l’acceptent. Pour ce repas ils l’ont accepté directement. Pourtant au départ, retissant juste parce qu’il y avait le mot « végétalien ». Ils ont donc aimé mais en restant méfiant ! Ils auront mangé un repas parfaitement équilibré de haute qualité nutrionnelle,  sain, avec en plus une garantie de produits bio et sans bisphénol A. Pour le calcul plus « anecdotique » de cette journée « végétalienne » pour 500 repas, une économie  de :

– 775000 litres d’eau

– 2379000 km de parcours d’une voiture en équivalence de gaz à effet de serre

– et  269 animaux…

 

Pour en savoir un peu plus sur toi : depuis quand es-tu vegan, et qu’est-ce qui t’a amené à faire ce choix ? Est-ce facile pour toi d’être vegan ou rencontres-tu encore des obstacles ? Lesquels ?

Cela fait quelques années que je suis vegan. Depuis l’enfance et comme je pense la plupart des enfants je n’aimais pas particulièrement la viande ou le poisson que l’on nous impose systématiquement dans les cantines. Je suis devenue végétarienne durant l’adolescence avec des phases et souvent en « société »  je mangeais sans réellement le vouloir de la viande. A l’époque nous ne disposions pas de moyens d’informations comme Internet. En revanche je me posais naturellement des questions sur les produits laitiers, et l’impact sur la condition animale et la santé. Quand j’ai su la terrible réalité de l’exploitation laitière, je suis passée directement au végétalisme et quasiment en même temps au véganisme. Le régime végétarien qui consiste encore à manger des produits laitiers ne me convenait pas d’un point de vue santé également. Du fait de mon ignorance sur les fondements de l’alimentation je « compensais » la viande par le fromage essentiellement qui au passage est extrêmement addictif. De ce fait j’ai pris énormément de poids et j’ai également eu des problèmes de peau. Maintenant que je connais les méfaits sur la santé de produits laitiers je comprends mon mal être. Si j’avais su plus tôt que l’on pouvait simplement remplacer par exemple le lait de vache ou de chèvre par du lait d’amande, de noisettes, ou encore que je pouvais me fabriquer du fromage végétale savoureux dans ma cuisine en 5 minutes,…D’autant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir de grandes connaissances en nutrition pour connaître les bases et se simplifier la vie. Car il ne s’agit pas de soustraire de son alimentation mais de remplacer et aujourd’hui tout est à disposition pour le faire. Toutes les grandes enseignes proposent les alternatives avec du lait végétale, du beurre végétale,…Comme la plupart des gens je ne trouvais pas le soja très bon au goût et cela venait de mauvais choix. A l’image du reste de l’alimentation plus le produit est préparée de façon industrielle moins il est savoureux. En revanche dans de petites boutiques bio ou vegan il y a des produits végétaux comme des  saucisses ou des steak aux amandes qui sont un régale. Il faut tester suivant ses gouts il y a maintenant tellement de choix. En devenant végétalienne j’ai à la fois diversifié et simplifié mon alimentation pour revenir sur des produits qui ne sont pas à la mode ou méconnu, je pense à toutes les légumineuses comme les pois chiches, les lentilles, les haricots rouges qui mélangeaient avec de l’avocat et du riz complet,  est une douceur. Sans compter les nombreuses sauces que l’on peut faire avec de la crème de soja ou d’amande, de coco,…le repas végétalien ouvre tellement de possibilités gustatives, il suffit de voir les nombreuses recettes sur internet toutes aussi appétissantes les unes que les autres avec des vocations très claires pour certains digne de grands chefs. Le véganisme fût très simple, il suffit comme on le fait parfois à certaines périodes de la vie de faire « le ménage » dans son placard, de changer une partie de sa garde robe pour la mettre au gout du jour. On peut regretter de se séparer de son sac en cuir ou de ses chaussures mais pourquoi s’attacher à un objet qui est le reflet de notre ignorance passée. Lorsque je vois du cuir aujourd’hui je ne vois pas cette matière durable dont on nous vante le mérite, je vois la peau d’un animal que j’aurais pu caresser si nos chemins s’étaient croisés. Et sur ma peau, je ne veux pas la « douceur publicitaire » de l’effroyable industrie de la laine qui est cachée au public, je veux la douceur de la sensibilité. Et au même titre que pour l’alimentation beaucoup de vêtements sont aujourd’hui sans laine et sans cuir et bien sûr sans fourrure. Il suffit de regarder les étiquettes pour être surpris par le nombre vêtement vegan par défaut. Aujourd’hui être vegan n’est pas un problème, c’est au contraire se positionner dans l’air du temps en ne regardant pas derrière nous… en prenant des références abstraites sur nos « ancêtres » des cavernes, l’homme qui chasse et qui porte de la peau de mammouth, je ne vis pas dans une grotte et souhaite profiter de ce que notre monde moderne à de plus sophistiqué positivement en respectant notre terre mère et ses habitants. Nous sommes les acteurs de demain, autant que notre passage en soit marqué favorablement. C’est aussi cela se soucier de nos enfants, leur offrir la possibilité de s’inscrire dans un monde qu’ils peuvent construire dans le respect. En société c’est parfois difficile mais la tendance s’inverse et j’ai même eu la bonne surprise juste hier au cours d’une soirée et après avoir partagé mes convictions véganes d’avoir été ensuite interpelée par une femme me félicitant de ce choix. Je suis d’ailleurs beaucoup plus respectée par les personnes qui ne partagent pas mes convictions veganes que les végétariens qui n’ont pas une position totalement affirmée. Les personnes respectent les autres qui sont  en accord avec eux même. Affirmer et assumer ses choix c’est aussi évoquer son indépendance, sa singularité avec un positionnement clair. Nous ne partageons pas tous les valeurs du veganisme mais nous partageons autres choses qui nous relient et nous ouvre au dialogue.  Il est vrai que comme c’est un mouvement naissant, les vieilles habitudes font que lorsque nous sommes dans un restaurant ou en famille, nous n’avons pas beaucoup de choix mais je peux demander au chef de me faire un plat particulier, souvent cela ne pose pas de problèmes au contraire on le fait sortir de sa routine et s’il ne veut ou ne  peut pas, il faut peut être changer de restaurant car c’est tout de même son métier ! En famille et entres amis c’est assez simple, le fait de ne pas manger d’animaux est au contraire respectable et la personne qui vous aiment ne vous juge pas à vos choix alimentaires ou si c’est le cas, le problème n’est le véganisme mais c’est autre chose…

 

 

As-tu d’autres projets pour partager le mode de vie vegan à travers l’art ? Et si oui peux-tu nous en dire un peu plus ?

J’ai un projet lié directement au mode de vie vegan me venant à l’esprit suite à différentes rencontres. Je propose souvent aux personnes des astuces et conseils à la fois pour comprendre le mode de vie et pour l’intégrer, aussi des astuces « financières » car on peut être vegan et faire des économies alors que l’on a tendance à penser le contraire… Bref tout un mode de vie et de conseils « pratiques » ! Souvent étonnée les personnes me demande alors un certains nombre de question « pratiques » : vegan au quotidien? Dans mon métier ? Est ce que cela n’est pas un frein pour soi, sa famille et sa carrière ? A force d’animer des discutions, des réflexions, la plupart des personnes m’ont demandé d’en écrire un « manuel » simple pour devenir vegan avec les moyens de multiplier les bénéfices sur tous les aspects de sa vie. Je ne trouverais pas cela nécessaire car je ne parle qu’au nom de mon expérience qui n’est peut être pas une vérité pour d’autres et qu’il y a aussi énormément de vidéos, d’articles, de sites à ce sujet qui sont déjà une mine d’infos super. Mais après réflexion, j’ai trouvé intéressant de le faire en l’imprégnant de mon univers artistique et comique…Cet ouvrage sera disponible en Février avec une sortie en exclusivité au salon veggie world à Rhein-Main. Et ensuite je commence l’écriture de mon deuxième long métrage…

 

Notre dernière question (et l’une de nos préférées puisque nous aimons les animaux) : as-tu un ou des animaux domestiques ?

Oui j’ai 4 chiens,  que des filles ! Dogue allemand « Dodu », 2 huskys « Crebie » et « Tixalouna » et sptiz nain « Rosie baby ». Elles sont nourries avec des croquettes végétalienne bio et sont en parfaite santé, je dirai même que pour le dogue allemand qui souffre souvent de problèmes digestifs, elle n’a plus la récurrence de ces problèmes. J’ai aussi deux ânes miniatures J « Rio et Grandet ».

 

Découvrez ici le trailer du film ou achetez ici le dvd en-ligne !

Vous pouvez trouver le film également sur Facebook.